1757-09-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Albrecht von Tscharner.

Monsieur,

J'ay été déterminé par vos bontez à venir à Lausane plus souvent que je ne faisais.
Vous daignez me rendre ce séjour bien agréable. Ma santé me rend le vin de France nécessaire. Je ne sçais si j'oserai en faire venir environ quatre tonnaux par an. Vous avez bien voulu permettre jusqu'à présent que je busse du vin de mon pays. Mais je crains d'abuser de votre condescendance. J'ignore si je dois vous prier de vouloir bien m'obtenir une patente que LE donnent quelquefois aux étrangers à votre recommandation ou si je dois simplement m'en tenir à la bonté que vous avez toujours eüe. Permettez moy de vous demander sur cela vos ordres. Rien n'ajoutera aux sentiments de la respectueuse reconnaissance avec les quels j'ay l'honneur d'être

Monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire gentilho͞e orde du roy