9e xbre 1771, au château de Ferney par Lyon
Permettez, Monsieur, que sans avoir l’honneur d’être connu de vous, mais l’aiant été de Monsieur vôtre père, je prenne la liberté de soliciter vos bontés pour une petite colonie d’étrangers que j’ai établie dans un païs un peu sauvage.
Vous verrez par la petite notte cy jointe que j’ai rassemblé dans mon désert des artistes assez habiles. Ce sont de nouveaux sujets que j’ai eu le bonheur d’acquérir au Roi. Vous êtes à portée de faire connaître à la cour des ouvrages uniques en fait d’horlogerie, qu’on ne fait ni à Paris, ni à Londre.
Il y a environ un an et demi que d’autres artistes de ma Colonie eurent l’honneur d’envoier deux montres à Monsieur le Duc De Duras avec les portraits de Madame la Dauphine et de la Reine de Naples. On dit que ces portraits n’étaient pas trop bien faits, et c’est ce qui arrive fort souvent aux peintres en émail, comme aux autres; mais les montres étaient fort bonnes. Je vous demande vôtre protection pour nos horlogers qui travaillent à un tiers meilleur marché qu’on ne fait à Paris, et qui sont à vos ordres.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire gentilho͞e orde du Roy