1765-04-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Jeanne Pajot de Vaux.

Il faut bien que je vous respecte, Madame, vous voilà une mère de famille vénérable, toute jeune que vous êtes; il n'y a plus moien de vous appeller pâté.
J'aurais désiré infiniment d'accompagner Mr vôtre frère, de faire ma cour à la mère, et de voir son gros petit enfant, mais ma misérable santé ne me permet pas ces consolations. Si jamais je peux voiager ce sera assurément pour vous, et pour avoir l'honneur de revoir vos deux aimables maris.

Je fais actuellement le métier de masson; je bâtis des apartements pour vous recevoir, en cas qu'il vous prenne fantaisie de revoir le païs de Gex. Dites, je vous en prie, à mon filleul, que je l'aime déjà beaucoup, et que je veux radoter un jour à ses noces.

Adieu, Madame, soiez toujours aussi heureuse que vous méritez de l'être. Présentez mes respects à vos deux maris, et recevez les miens.

V.