aux Délices 13 juin [1757]
Je reçois votre lettre du 12 mon cher monsieur.
Corneille comparait Montauron à Auguste. J'ay envie de vous comparer à Titus, car vous me faittes tous les jours des plaisirs. Tantôt ce sont des provisions immenses de sucre, tantôt huit tonnaux de vin, des miliers de bouchons de bouteille, des billets de lotterie, des cent trente mille livres à des électeurs, avec des pelles et des pincettes. Je vous remercie de tout. Monsieur Camp est bien aimable. Il est aussi serviable que vous et cela entre encor dans mes remerciments.
Je crois comme vous que Mr le maréchal de Richelieu poura bien aussi avoir son armée. La France en ce cas aura trois généraux au lieu d'un. Il y a des gens qui prétendent qu'un est plus que trois dans cette aritmétique.
Ce qui est sûr c'est que la France perdra quelques hommes et prodigieusement d'argent par sa guerre sur terre et sur mer, et que jamais on n'a fait les choses à plus grands frais. Madame Denis vous fait mille compliments. Aimez toujours les deux solitaires suisses
V.