à Monrion jour de pentecôte [29 may 1757]
Il y a bien longtemps que je ne vous ay écrit mon cher correspondant.
Je vois que je ne serai instruit du sort de mon petit traitté avec l'altesse Electorale palatine qu'à la fin de juin. Cela sera plus commode pour les comptes. J'ay reçu aujourdui une lettre fort agréable de l'Electeur, mais qui me renvoye pour les calculs à son Moras et son Moras n'a point encor fini. Le Roy de Prusse va un peu plus vite en besogne. On prétend qu'il administrera bientôt les finances de Vienne comme celles de Saxe. J'augure assez mal de tout cecy et je ne serai point surpris s'il arrive malheur à notre brillante armée qui manque de pain.
Ma nièce et moy nous vous remercions et nous vous lutinons sans cesse. Faudra t'il encor qu'après tous les envois dont vous avez eu la bonté de vous charger et surcharger, on vous demande vos bons offices pour quatre feux de cheminée avec les petits agréments dorez et les pelles et les pincettes et les tenailles et les souflets? Belle commission!
Plus deux réchauts à brique, pour réchaufer nos ragouts dans l'occasion.
Plus six livres de belle cire d'Espagne pour cacheter les petits billets qu'on vous écrira de Monrion et des Délices.
Vous avez sans doute eu la bonté de rembourser m. de la Tourette. Si vous savez quelque chose de nouvau sur mer ou sur terre, ayez la charité d'en gratifier deux Suisses qui vous aiment de tout leur cœur.
V.