aux Délices 4 juin [1757]
Nous arrivons aux Délices mon cher monsieur et nous espérons voir mr Camp votre ami.
Nous aprenons que le tonnau de sucre et un ballot pesant deux cent sont arrivez. Vous nous comblez de biens. Nous ne savons où est la pièce de taffetas pour faire robe neuve à made Denis. Nous supposons qu'elle est dans le ballot pesant deux cent.
Puisque vous ne vous rebutez point, voicy nos idées sur les feux. Un d'environ cent livres, trois d'environ 60lt feront notre affaire. Sans oublier pelles, pincettes et souflets. Un poêle roulant nous acomoderait bien encore. Il est vray que si on embarque le tout ensemble ce sera pot de terre avec pot de fer. Mais on peut les séparer.
Je voi que nous ne cesserons jamais d'être importuns, mais il faut avoir ses aises.
Vous travaillez donc pour les grands, comme pour les petits, pour les cardinaux, comme pour les philosophes! C'est ainsi qu'en use notre docteur. Il se fait tout à tous.
Je ne suis pas fâché que les anglais soient punis. Ils ont été assassins en Amerique, pirates sur mer, receleurs sur le Gange. Ils méritaient bien quelque petit châtiment. Pour les affaires de Boheme je les crois dans le plus grand délabrement. On est consterné à Vienne.
Voulez vous bien avoir la bonté de donner cours à l'incluse?
Les deux Suisses vous embrassent de tout leur cœur.