1757-04-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Il faut commencer mon cher correspondant par vous remercier de ce Sétuval et des Açores que vous voulez que je boive avec madame Denis.
Ensuitte il faut me flatter que vous avez quelqu'intérest dans l'armement de ce brave armateur qui prend les vaissaux de la compagnie anglaise. Dieu vous en fasse la grâce!

Puisque vous m'envoiez tant de vin ayez donc la bonté de me faire avoir des bouchons. Oui je vous demande mille bouchons, et puissai-je encor déboucher mille bouteilles. Voylà une plaisante commission que des bouchons de liège! Je suis bien impertinent.

Le baron de Grancour se vante d'avoir 500 billets. J'espère que j'en aurai 133, et qu'il me reviendra encor 200lt de mes 80 m.lt si je ne me trompe.

Il ne reste plus qu'à battre toujours les anglais sur mer et les prussiens sur terre pour que tout soit bien payé. Je ne crois pas que nos genevois qui ont des billets sur la Sture, Stevre, ou Stuere de Saxe s'empressassent baucoup à prendre des billets de lotterie si le roy de Prusse en faisait une.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. Made Denis en fait autant.

V.

P. S. des deux caisses de bougie que vous eütes la bonté de nous envoier il y en a un quart pour une dame de Geneve. Voudriez vous avoir la bonté de nous marquer le prix du port? Vous le trouverez sur vos livres.