3e 7bre 1760
Vos petits secours, mon cher correspondant, viennent bien à propos; vôtre argent hérétique sera emploié à bâtir une petite Eglise catholique; il faut se faire des amis du mammon d'iniquité, comme dit l'autre.
Je vous écris avant que la poste d'Allemagne soit arrivée, ainsi vous n'aurez point de nouvelles, du moins par moi, des ours et des Tigres qui joüent de la griffe en Silésie.
Je vous ai suplié, mon cher monsieur, de vouloir bien, vous intéresser aux campagnes de l'ancien dénombrement; je les préfère à toutes celles du roy de Prusse, et j'aime mieux du frumental que des Lauriers; aiez dont la charité de m'envoier à vôtre loisir cent livres de ce beau frumental qu'on vend chez les minimes, ou prez des minimes; mais comme vous aimez beaucoup mieux le vin que le foin, & que vous vous y connaissez d'avantage, daignez m'envoier deux mille bouchons; et puissai-je dans deux ans, déboucher avec vous quelques bouteilles. J'embrasse bien tendrement mon cher correspondant.
V.