1757-07-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Mon cher correspondant je ne crois pas à la nouvelle du parlement anglais.
Celuy qui l'a fabriquée à Paris ne connait ny les usages, ny les termes, ny les gens. Le Veser passé enfin, parait une nouvelle plus sûre, mais le combat sanglant à ce passage est fort douteux.

Une nouvelle qui m'intéresserait serait que L'Electeur palatin a conclu avec moy. Je suis fort touché du bien public, mais vous savez ce que c'est que charité bien ordonée. J'attends avec impatience le retour de mr votre frère. Quand il me manque un Tronchin je suis mal à mon aise.

Made Denis se recomande aux bontez de mr Kamp et moy je présente requête pour deux caffetières du levant, l'une de dix tasses, l'autre de quatre. On poura mettre ces deux cruches avec les guenilles de me Denis.

Plût au ciel que ce bon vin malaga par vous envoy=da=e eût été en bouteilles! Les voituriers n'auraient pas eu l'heureuse insolence d'en boire partie. Du malaga pour ces goziers là! Cela est horrible. Nous avons trouvé qu'ils n'en avaient avalé que vingt bouteilles. Je les remercie de leur discrétion. Les scélérats avaient bien raison d'en boire. Il est délicieux.

Je compte emporter environ douze mille francs argt de France quand j'irai à Lausane. Je vous supplie mon cher monsieur d'en prévenir monsieur Cadhala.

Pour les annuitez vous savez que j'abandonne tout à votre prudence et à votre amitié.

Permettez que je mette icy l'incluse pour Tiriot.

Mille tendres amitiez.

V.