[26 9bre 1759]
Mon cher correspondant on dit que vous vendez au roy très crétien votre vaisselle à 56lt le marc.
Pour moy je garde la mienne, attendu qu'elle est en grande partie hérétique au poinçon de Geneve. Mais comme il faut se retrancher je voudrais deux caffetières du levant au lieu de caffetières d'argent, l'une de quatre tasses l'autre de cinq ou six, et je vous prie de m'aider dans cette partie de l'académie de lézine.
Nous avons payé aujourduy mr votre frère et moy votre beau mur de terrasse mais en mandats sur mrs Cathala. C'est de quoy M. le conseiller vous rendra compte. Geneve enfin a un bon procureur général de votre nom. Vous voylà tous bien enchrez dans la république. Elle perd baucoup en annuitez et billets mais il n'y a pas de banqueroutes comme à Paris. N'êtes vous pas un peu blessé comme les autres dans cette défaitte générale? Voylà donc la flotte Conflans partie. Dieu la favorize et la ramène saine et sauve. S'il nous arrive malheur je ne vois pas quelles seront les ressources. Le crédit anéanti, le commerce ruiné, l'argent disparu font soupçonner que Martin avait raison, quand il disait que tout allait mal dans le meilleur des mondes possibles.
Oserai-je vous supplier de me vouloir bien faire chercher chez quelque libraire de Lyon L'ordonnance des eaux et forêts et la coutume de Bourgogne et de Gex? L'abbé Pernetti qui est très officieux pourait me rendre ce petit service, si vous aviez la bonté de luy en faire dire un mot.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
V.