27 aoust [1757]
Mon cher monsieur les Français boivent le vin du Roy d'Angleterre dans Hanovre et je bois celuy du chanoine de Soleure.
Mais il n'a rien à me reprocher. Pourquoy mr Cathala m'envoye t'il votre tonnau, pourquoy le met on vite en bouteilles, pourquoy s'empresse t'on de le goûter? J'ay perdu vingt bouteilles à ce mécompte, car je comptais sur cent cinquante et je n'en ay que 130. Le chanoine avec le temps sera plus heureux que moy. Et le baron? N'esce pas luy qui a mes cent cinquante bouteilles? C'est luy qui doit se moquer de moy et du chanoine.
On prétend à Neufchatel que le prince de Conti veut faire valoir ses droits sur cette principauté. Il aurait raison, mais il me semble qu'il n'est pas encor temps d'avoir raison.
Faittes des annuitez tout comme vous l'entendrez. Tant que les armées de France mangeront le pays ennemi, je crois qu'on sera bien payé. On ne parle point de la marine. Il faut espérer qu'on en parlera. On fait aujourdui plus de besogne que de bruit. Adieu mon cher correspondant. L'oncle et la nièce vont à Lausane pénétrez de vos bontez. Nous reviendrons le plus tôt que nous pourons.
V.t.h.ob.serr
V.