1757-09-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je crains toujours les prêtres; ce chanoine de Soleure m'excomuniera.
Mais il faut s'armer de patience contre les excomunications injustes. Je vous ay déjà fait ma confession, mon cher correspondant, je vous ay accusé un petit tonnau contenant non pas cent cinquante bouteilles, mais cent trente trois demi bouteilles, tonnau arrivé à Geneve, tonnau envoyé dans ma petite cave par mr Cathala, tiré le lendemain, essayé le sur lendemain et bu en partie à votre santé. Je suis innocent, tirez vous d'affaire avec l'église comme vous pourez. Pour moy je m'en lave les mains, et sur tout le gosier.

Ouy j'ay reçu touttes les pancartes palatines, et je vous demande pardon si je ne vous l'ay pas dit en son temps car je voudrais être exact. On dit qu'on parle à la Haye d'entamer des négociations. Cela vaut mieux que d'entamer des provinces. Esce que le ministère de France voudrait rendre la maison d'Autriche toutte puissante pour avoir le plaisir de se vanger aujourdui et pour être accablé un jour? Mais il ne m'apartient que de meubler ma maison de Lausane, et de planter des pèchers aux Délices. Madame Denis se joint à moy pour vous remercier de touttes vos bontez.

Nous avons dîné hier chez Le docteur et nous dînons aujourdui chez Mr votre frère avec des inoculez.

V.