1760-10-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Il est vrai mon cher monsieur que le magot s'écorne.
Mais un magot ne fait pas grand plaisir, et des spectacles en font baucoup. Je suis toujours aussi honteux que reconnaissant de touttes vos bontez. Voicy la lettre sur mr de Montmartel, après luy avoir envoyé celle qu'il doit tirer sur Laleu. Il se peut que Lalleu le fasse attendre une quinzaine de jours; il n'y aura pas grand mal. Mon but a été de ne point entamer le fonds qui est entre vos mains, de remplacer par ces x mille livres ce que vous avez la bonté de m'envoier. Je ne suis pas extrêmement pressé des grouppes que vous me destinez parce que je me suis servi en dernier lieu de mr Cathala pour acquiter environ 1800. J'ay encor de quoy aller jusqu'à la fin du mois. Dieu et vous pourvoieront au reste. Un commodore anglais et un directeur de la factorerie anglaise de Surate sont venus dîner chez moi. Ils arrivent de l'Inde. Ils comptent que Pontichery sera pris dans quatre mois. Dieu veuille qu'ils se trompent!

Pui-je prendre la liberté de vous demander une vingtaine de livres de chocolat.

Mille pardons.

V.