1760-10-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Mon cher correspondant il est vrai que je bâtis, que je fais des jardins, que je joue la comédie, que j'ay quelquefois cent cinquante bouches à nourrir et toujours cent, mais je suis sage.
J'entamerai les fonds le moins que je pourai. J'attends 14000lt d'Alzace, quelques piastres de Cadix, Laleu me promet 10000lt au 15 novbre. J'écrisà M. de Montmartel, et je le prie de trouver bon qu'on tire sur luy 10000lt subito. Je luy mande que je vous envoye une lettre de change de 10000lt sur Laleu. Vous en ferez ce que vous croirez de plus à propos. Vous l'enverrez probablement à mr de Montmartel, vous négocierez la chose selon votre grande prudence et bonté, vous m'enverrez quand vous pourez dix mille livres afin que je n'importune pas toujours mr Cathala. Vous êtes le maître d'arranger tout cela comme il vous plaira. Les châtaux et les comédies sont chers.

Nous vous embrassons tendrement. Il me semble que je corromps un peu votre ville de Geneve.

V.

Pour mieux faire, voicy ma lettre pr m. Montmartel à cachet volant. S'il y a quelque défaut dans le billet de change, ou dans mon opération, rectifiez en maître mes fautes, et pardonnez les en ami.