à vos Délices 20 avril [1757]
Je pourais être un peu mécontant mon cher monsieur des cizaux de Mr du Vergier qui me rognent mes petites ailes, tandis qu'il donne à d'autres des ailes de six aunes de long.
Mr de Montmartel m'a mandé positivement qu'il me retiendrait pour 80 m.lt de billets. Je l'en ai remercié. Il faut donc que je retranche pour 20 m.lt de remerciments. Je ne m'étonne point de l'empressement pour la lotterie. Les metteurs y gagnent plus de 8 p. %. Il faudra faire encor de nouvelles lotteries. Puisse le Roy les payer touttes!
Vous devez à présent étre bien occupé mon cher correspondant, et cependant voicy madame Denis qui vous tombe sur le corps. Nous ne sommes pas assez ridicules, oncle et nièce, pour vous supplier de vous charger de ce détail de ménage. Au contraire nous vous prions de vouloir bien seulement donner vos ordres à votre loisir.
Il y auprès de votre maison un marchand de nouvaux cuirs doréz qui même, je crois, les fabrique. Mesdames Pictet qui en marchandèrent un chez luy nous l'ont indiqué. Elles le demandent en leur nom pour nous. Elles croient que ce nom leur procurera un bon marché. Quoy qu'il en soit voicy le mémoire de mesdes Pictet, voicy la lettre de madame Denis, voicy la liste téméraire de ses désirs, voicy encor une lettre pr un savant qui n'a jamais acheté ny velours ny cuirs dorez, et voicy la fin de ma fatiguante lettre. Pardon. Nous vous aimons assez pour être importuns.
V.