à Monrion 8 avril [1757]
Mon cher correspondant vingt conseillers du parlement de la Franche Comté enlevez par lettre de cachet, force représentations de tous les parlements, force murmures (très injustes) contre un roy justement nommé BIEN AIME la justice distributive suspendue, etc. etc. etc. pouraient faire craindre que tant de lotteries non enregistrées ne soient pas un jour bien exactement payées, et qu'il ne reste que des billets blancs aux pauvres metteurs, qui les sèrreront proprement avec les billets de l'épargne d'état, de monoye, d'ustenciles, de liquidation, d'emprunt, de banque, etc. etc. tous effets admirables et si beaux qu'une famille qui en aurait pour cent millions n'aurait pas de quoy acheter une demi once de pain bis.
Faites sur cela vos réflexions. Mandez moy toujours en attendant quel est l'avantage de cette nouvelle lotterie non registrée en parlement.
Ut ut est. Je vous prie de vouloir bien m'envoyer mon cher correspondant une cargaison énorme de meubles. Madame Denis n'a pas encor fait le mémoire. Sans cela vous auriez une belle endosse. Je rougis toujours de vous importuner à ce point. Mais made Denis prétend qu'une femme de vos amies poura se donner le plaisir de visiter les boutiques de Lyon. Vous avez des affaires plus importantes.
Nous sommes à vous entièrement soit que nous échauffions en hiver les poêles de Lausane, soit que nous goûtions en été la fraicheur de la terrasse des Délices
V.