1757-03-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je ne sçais plus que penser mon cher correspondant de la lotterie de Paris, mais je pense qu'après le fatal ouragan de la Martinique, le sucre va être d'une belle cherté ou chèrete.
Ainsi donc j'attends avec toutte l'impatience d'un mangeur de compote votre énorme cargaison bordeloise. Si elle est partie avant l'ouragan c'est une très bonne affaire.

J'ay perdu de vue Damien, le parlement, et la Saxe en jouant la comédie à Lausane. Il faut s'amuser un peu quoyque les hommes soient malheureux ailleurs, car il n'est pas juste que tout le globe gémisse. J'embrasse bien tendrement tous les genevois que vous possédez. Permettez encor que j'insère icy une lettre pour un pauvre diable de confrère en littérature.

le Suisse V…