aux Délices près de Genève 27e Aoust 1759
On varie tous les jours, mon cher Monsieur, sur la Liste des impôts; mais toutes les Listes que j'ai vües sont bien longues, le fardeau bien pesant, et la tristesse générale.
Cependant, il faudra bien prendre un parti pour la clôture des Délices, attendu qu'il n'y a d'impôts sur le territoire de Genève ni sur les pierres, ni sur les arbres. Les nouvellistes de vôtre ville ont voulû contester la défaitte du Roy de Prusse, mais elle est aussi vraie que celle du maréchal de Contades; l'une et l'autre pouront être réparées, et la guerre peut durer encor longtemps.
Vous aurez probablement des objets plus satisfesant à Lyon, vous y aurez deux cours brillantes. Si Madame Denis et moi nous avions un peu de santé nous pourions bien aller voir Madame de Pompadour et Monsr de Choiseuil, à qui nous avons plus d'une obligation. Mais je vous avoüe que dans le fond du Coeur, je préfère mes Campagnes à toutes les cours du monde.
Voicy, Monsieur, deux petites Lettres de Change. Je reçois peu et je dépense beaucoup, ce n'est pas le moyen de laisser un grand héritage; le grand point est de se réjouïr, c'est pour cela que nous présentons, ma nièce et moi nos remerciements à Monsieur Camp, et que nous attendons des aunes de verdure et de fleurs comme Monsr Guillaume attendait des aunes de mouton. J'attends aussi que Monsr le Conseiller d'Etat vienne règler avec moi quelques aunes de muraille.
Mille tendres compliments.
V.