1757-08-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Le petit Mathieu âgé de neuf ans et demi est venu tout seul et s'est fait servir sur la route, disant qu'il était à moy et que je payerais tout.
Voilà un joli enfant. Je vous demande pardon monsieur des inutiles embaras que je vous ay donnez. Il n'y a point de poste où je n'aie des excuses à vous faire.

Il n'est que trop vrai que Mr de Richelieu est chargé d'une triste commission. Puisse t'elle être heureuse, puisse la paix qu'on demande être acordée, nos rentes sur la compagnie des Indes être payées malgré les vaissaux qu'on nous prend, le crédit subsister malgré les emprunts, et le commerce fleurir malgré les prussiens et les anglais!

Nous avons bu à votre santé en famille avec toute la tribu dont je suis. Buvez à la mienne qui est bien chétive. Adieu mon cher monsieur.