à Ferney 17 auguste 1767 nb. aoust est bien Welche
La tante et le vieil oncle sont bien sensibles au souvenir amplissimi conciliarii in parlamento.
Nous le prions instament de nous tirer par son éloquence d'un étrange embaras. Nous subsistons par la bonté de mr de la Borde qui nous avance de quoy payer le boucher de Geneve et les violons de Condé, au premier de chaque mois. Mr de la Leu qui avait remboursé exactement M. de la Borde, est en arrière de quatre mois entiers. Nous ne pouvons plus abuser des bontés de M. de la Borde. Cette détresse jointe à l'oubli de M. le duc de Virtemberg, nous réduit à la mendicité avec un revenu considérable. Maman donne des fêtes et le vieux malade n'a pas de quoy les payer. Si mr de la Leu ne paye pas mr de la Borde il faut que je m'enfuie ou que je me jette dans le lac. Il faut bien accepter l'arrangement de Mr de Lezau, et cet arrangement même est encor une nouvelle gêne. Dans cette extrémité nous avons recours à notre cher conseiller. Nous le prions made Denis et moy de vouloir bien parler au Laleu, de l'engager à payer le banquier du Roy, et de ne pas nous faire perdre le seul crédit qui nous fait subsister. Je vous demande en grâce que je sache par vous sur quoy je peux compter. Laleu n'écrit jamais. Il me laisse dans l'ignorance et dans l'inquiétude. S'il ne paye pas le banquier du Roy il faudra que j'emprunte à Geneve, car je ne veux pas me brouiller avec le premier homme de la cour. Adieu mon très cher neveu je me recommande à votre très bon cœur.
V.