1764-07-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

On a recours à ses amis dans l'occasion.
Je commence mon cher philosophe à recouvrer la vue. Ma fluxion sur les yeux est tombée sur la gorge, et la première chose que j'ay lue de mes yeux dans les nouvelles publiques c'est que Monsieur le duc de Virtemberg a quitté ses états, que ses affaires sont dérangées, tous les payements arrêtez. La seconde, c'est que le duc a emprunté baucoup d'argent sur la terre de Horbourg et de Riquevir qui fournissaient jusqu'à présent au payement d'une rente de 28000lt que j'ay sur luy, rente qui compose la meilleure partie de mon bien.

Je n'ay d'autre titre qu'une promesse de passer contract signée de la main du duc. Je crois même que je vous laissai en partant de Colmar un double de cette promesse. Si vous avez ce double je vous prie de le faire homologuer au conseil souverain d'Alzace et de la faire signifier au receveur de Horbourg et de Riquevir.

Ne pouriez vous pas même pour prévenir tout abus luy faire signifier deffense de payer à d'autres qu'à moy, en attendant la signification de la promesse du duc valant contract? C'est ce que j'ignore, et ce que je ne propose qu'en cas que votre jurisprudence le permette.

Si vous n'avez pas ce double, mandez moy je vous prie si je dois vous envoier l'original ou si je peux me contenter d'envoier une copie légalisée.

Il est probable mon cher ami qu'on est instruit à Colmar de tout ce qui regarde cette affaire. Ayez la bonté de me dire ce que vous en savez et aimez votre vieil amy.

V.