au Château de Ferney par Genêve 4e august: 1764
Les ministres de s. a. se monsieur n'ont peutêtre pas été informez des nouvelles aussi fausses qu'indécentes publiées dans quelques journaux.
Ou peutêtre ils méprisent trop ces sottises pour les faire réfuter. Monsieur Dupont, avocat au conseil souverain d'Alzace, n'a point du tout été chargé d'agir auprès de vous pour ce que vous pouvez me devoir. Il n'a fait qu'un office d'ami, et de pure bonne volonté, ayant mes titres entre les mains depuis plusieurs années. Je luy écris combien je suis satisfait des paroles que vous voulez bien me donner.
J'ay tant de confiance dans les bontez de S. A. S. que je suis prest (si cela convient à ses arrangements) de luy remettre la somme qui sera compétente, pour acquérir une nouvelle rente sur Horbourg et Riquevir. Nous avons madame d'Ennis ma nièce et moy quelques fonds que nous vendrions aisément pour les donner à monseigneur le duc moyennant une rente viagère de dix pour cent sur nos deux têtes. J'ay bientôt soixante et onze ans, et ma nièce en a cinquante six.
Vous pouvez Monsieur faire parvenir cette proposition à Monseigneur et à son conseil. Si elle luy est agréable nous serons à ses ordres. C'est sur quoy nous attendons réponse.
J'ay l'honneur d'être Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
Vous pouriez envoier ma lettre.