à Ferney 9e august 1777
Monseigneur,
J'ai compté sur vôtre équité, sur vôtre générosité, sur vôtre bonté.
J'y compterai jusqu'aux derniers moments de ma vie qui sont bien proches.
Vôtre Altesse sérénissime me doit actuellement soixante et dix mille francs de France. Si vos arrangements ne vous permettent pas de me faire toucher cette somme, donnez m'en dix mille aujourd'hui, car il faut que je paie mon boucher, mes domestiques et mon masson. Donnez moi dix mille francs encor au mois de Décembre prochain. J'appaiserai mes créanciers les plus pressés avec ces deux paiements.
Vous ne me devrez plus alors que cinquante mille Livres. Voiez s'il vous conviendrait de daigner me faire de ce capital une rente viagère proportionnée à mon âge de quatrevingt trois ans. Peut être qu'une petite rente à paier par quartiers, vous gênera moins qu'une grosse somme à paier à la fois.
Je ne cherche, Monseigneur, qu'à vous fournir des facilités, et qu'à mourir sans vous être trop à charge. Daignez recevoir avec indulgence ces témoignages du profond respect avec lequel je suis
Monseigneur
De Vôtre Altesse sérénissime
Le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire