1748-11-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Thomas Marie de Baculard d'Arnaud.

Mais, mon cher enfant, n'y auroit il point quelque domestique de Messeigneurs les princes de Virtemberg, ou de monsieur de Montaulieu à qui mylord Chesterfield auroit donné un paquet énorme pour moy?
Si ce n'est pas mylord Chesterfield, c'est monsieur Grossa Testa envoyé de Modene à Londres. Peutêtre n'y a t'il rien de tout cela, mais je vous suplie de vous en informer, et chemin faisant je vous seray bien obligé de leur présenter mes respects. J'aprends que L'autheur de Catilina a retiré ses rôles, il auroit dû retirer aussi l'aprobation qu'il a donnée à une platte parodie de Sémiramis que le Roy a deffendue à Fontainebleau. Je me flatte qu'en récompense Arlequin donnera son aprobation à Catilina. Le bon homme auroit dû se souvenir qu'on ne put pas seulement parodier sa Semiramis. Je luy pardonne de ne pas aimer la mienne. Adieu mon cher amy. Il y a dans ce monde très peu de bons vers et de bonnes gens. Je vous embrasse et je vous aime, parce que vous faites de bons vers, et que vous êtes un très bon cœur.

V.