à Luneville 7 9bre [1748]
Je crois mon cher ange que j'ay corrigé le monologue d'Azema comme vous le voulez.
J'ay fait encor bien d'autres changemens et je me flatte que je justifierai vos soins et votre amitié.
J'ay été confondu d'une lettre par la quelle M. le duc de Fleury me marque qu'il a donné ordre qu'on ne jouast la sottise italienne qu'après que Semiramis auroit été jouée à Fontainebleau. C'est encor pis que la lettre de M. de Maurepas. J'en rends compte à M. le duc d'Aumont, et je luy demande qu'au moins, si on persiste à renouveller contre moy le scandale des parodies on attende pour jouer la farce des italiens que les premières représentations des français soient épuisées. Il me semble qu'on en usoit ainsi quand les parodies avoient lieu et il ny a rien de plus juste. Les premières représentations de Semiramis n'ont été interrompues que par le voiage de Fontainebleau et ne doivent être censées finies qu'après la reprise. Je vous prie d'apuyer ma prière à M. le duc d'Aumont.
Je vous prie aussi d'écrire à mademoiselle du Ménil qu'elle retire tous les rôles afin que j'y corrige environ cent cinquante vers. Il faudra faire une nouvelle copie et de nouvaux rôles, et je me flatte qu'elle vous remettra les rôles et la pièce. Je vous promets bien que je ne la rendray pas avant le retour de M. de Richelieu et que je donneray aux Catilinistes tout le temps d'être siflez.
Crebillon s'est conduit d'une manière indigne dans tout cecy, ou plustôt d'une manière très digne de sa mauvaise pièce de Semiramis qui n'a pu même être honorée d'une parodie.
Au reste mandez moy je vous en prie si vous croyez que ce soit àprésent le temps de présenter un placet au roy. L'établissement de madedu Chastellet à Lunéville ne luy permettra guères de partir avant le mois de décembre. J'attends de vos nouvelles pour me décider. Adieu mes chers anges, vous êtes mes consolateurs.
V.