à Lunéville ce 24 novembre 1748
J'ay l'honneur monsieur de vous faire hommage de la seule édition du panégirique du roy dont j'aye été content pour la fidélité et pour l'exactitude.
Je me flatte que vous recevrez avec bonté ce tribut d'un bon citoyen attaché à son maître et à sa patrie.
Permettez que je vous renouvelle mes prières au sujet de la parodie de Semiramis que les italiens ont eu ordre de supprimer à la cour, et qu'ils veulent toujours jouer à Paris malgré l'abolition de cet abus faitte depuis cinq ans. J'auray seulement l'honneur de vous représenter icy que dans le temps que cet abus étoit soufert, on ne permettoit ces farces qu'après que le premier cours des représentations des tragédies nouvelles étoit entièrement expiré, et que ces tragédies ne se jouoient plus.
S'il faut donc monsieur que les comédiens italiens persistent dans leur opiniâtreté à faire jouer leur parodie, je demande seulement dans les circomstances présentes, qu'on se règle suivant l'ancienne méthode très sagement établie pour ne pas ruiner les comédiens français; c'est à dire qu'on attende l'expiration du cours des premières représentations de Semiramis, interrompue par le voiage de Fontainebleau, et qui va se reprendre dans quelques semaines. Je compte être à Paris dans ce temps là, et vous y remercier de vos bontez.
La chose que je vous demande me paroît juste, facile, et dépendante de votre ministère. Ce sera une nouvelle obligation que je vous auray. J'ay l'honneur d'être avec la plus respectueuse reconnaissance, monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire