Ce 19 fév: 1757
Que Voulés Vous que je Vous dise? je suis une impertinante d'avoir reçue deux de vos aimables lettres sans Vous doner un signe de vie.
Malgré cela Monsieur je ne suis pas une ingrate, je Vous ai mille obligations de Vos attentions, je suis infiniment sensible à Votre Amitié et je brûle d'envie pour en mériter la continuation par les sentimens d'estime et d'admiration que je Vous porte. Je suis extrêmement curieuse de voir la lettre que le Roi de Pr: Vous a écrite, et cepandant je n'ai pas le courage de Vous la demander.
La mort vient d'enlever à ma fille sa Gouvernante Mdl: de Waldner qui a bien soufferte avant de faire ce pas là: je la regrete beaucoup et pour son zèle et pour son mérite.
Le tems n'est pas encor venu Monsieur pour Vous marquer de grandes nouvelles. Je les crains furieusement: veuille la Divine providence abréger les jours de nos souffrances et acheminer tout à une promte paix qui soit stable. Dieu Vous préserve de la Russie et nous des Russes: si Vous vouliés enterprendres un voyage comptés que Vous ne pouriés partout être reçus avec plus de joye et d'empressement que chés nous. Je ne crains que les chemins qui comencerons bientôt à être dangereux.
Bien des complimens Monsieur de ma part à Votre chère Nièce. Le Duc, mes enfans et l'aimable Buchwald Vous estime et aime à l'envie: je les deffie pourtant tous de me surpasser étant de toutes mes facultés
Votre affectionée amie et servante
Louise Dorothee DdS