[c. 10 May 1758]
Je suis très fâchée Monsieur de Vous savoir malade et fais mille voeux pour Votre promt rétablissement.
J'ai plus d'un motif à souhaiter Votre conservation et un intérêt infini à recevoir de Vos nouvelles. L'amitié dont Vous me flattée m'est trop chère pour ne Vous en pas demander avec instance la continuation. Conservés Vous, ménagés Vous pour l'amour de ceux qui conoissent le prix de Votre existence et ne m'éconoissés pas je Vous prie ceux qui sont de ce nombre. Je suis extrêmement sensible Monsieur à l'attention que Vous venés de me marquer par r'aport à nos besoins et j'ose en profiter avec d'autant plus d'empressement que je n'aurois pas eu le courage de Vous charger d'une pareille comission sans l'ocasion que Vous m'en donés; pour préalable nous voudrions néanmoins savoir à quel intérêt et sous quelle condition et sûreté le Canton de Bern nous prêteroit une Some de cinquante mille florins de l'empire, aussi bien que le tems et la manière dont il voudroit faire toucher au Duc la dite Some. Répondés je Vous prie à toutes ces questions et le plus tôt que Vous pourés. Assurément les tems dans les quels nous vivons sont bien malheureux et notre situation e[s]t des plus ambarassante. On ne peut assés désirer la paix: mais une paix solide, stable et non plâtré. Je ne suis nullement surprise que le Roi de Prusse recomence à Vous écrire: il me disoit ici qu'il lui restoit un chien de tendre pour Vous qu'il ne pouvoit effacer de son coeur: ce sont ses propres parolles que je Vous dis là; actuellement je crois que ce Prince sera aux mains avec les impériaux: car les gazettes de Viene assurent qu'il y a déjà quelques tems que les deux Armées se voyent de fort près. On assure encor qu'il y a 24 mille prussiens en Moravie: le choc sera rude selon toute aparence et décidra peutre du succès de cette campagne.
Le Landgrave de Hesse doit être de retour à Cassel depuis quelques jours. Donés bientôt de Vos nouvelles et recevés en attendent Les témoignages de mon estime et de celle de toute ma famille favorablement je Vous en conjure Monsieur come
Votre amie et servante
Louise Dorothee DdS
L'aimable grande Maitresse Vous offre aussi les assurences de son Amitié, elle Vous chérit et Vous admire bien véritablement malgré toutes ses souffrances.