1761-12-14, de Louisa Dorothea von Meiningen, duchess of Saxe-Gotha à Voltaire [François Marie Arouet].

Je profite Monsieur avec plaisir et empressement de l'ocasion que me procure la comtesse de Baswiz par son paquet de traduction, pour y joindre quelques lignes de ma main et pour Vous renouveller les assurences de mon amitié.
Je m'étendrai davantage si la crainte de manquer la poste, qui est prête de partir, ne m'empêchoit de me livrer à cette douce satisfaction. Comptés Monsieur que ce qui est différé n'est pas perdu pour moi. Tout ce que je puis Vous dire dans ce moment c'est que Colberg n'est pas encor pris, que nous avons fortes et grandes compagnies tant ici qu'à Altenbourg et qu'il ne se passe point de jour Monsieur que je ne parle de Vous et que je ne Vous admire. Ce sentiment m'est aussi naturel que la respiration. Soyés en persuadés Monsieur et recevés en même tems mille tendres assurences de l'estime parfaite de ma famille; l'aimable Buchwald est bien comprise sous ce nom, et sous ces sentimens que Vous savés inspirer et entretenir si vivement et pour la vie.