1756-12-18, de Louisa Dorothea von Meiningen, duchess of Saxe-Gotha à Voltaire [François Marie Arouet].

Souffrés qu'en qualité de Votre Agente, je Vous envoye Monsieur la pièce ci jointe qui contient la relation de la dernière Campagne: les tableaux aussi bien que le stile en font reconoitre sur la première page son Auguste auteur.

C'est tout le mal que selon toute aparence on se fera pendant cet hiver que de s'escarmoucher ainsi avec la plûme: mais je crains fort les fléaux de sang humain qui inonderons le printems prochain notre pauvre Germanie. La disete des vivres fait apréhender encor la famine: Dieu seul peut et doit récon[c]iller les esprits: l'aparence et les grands préparatifs qu'on fait de part et d'autre pronostique bien des malheurs. Que Vous ête digne d'envie de voir dans le lointain de sang froid tous ses altercations. Vous chanterés quand les autres gémirons, mais non, c'est faire tort à Votre humanité, Votre coeur compatissant sentira nos meaux, je m'en flatte en mon particulier. Je fais mille voeux pour Vos prospérités, pour Votre santé et pour la continuation de Votre chère Amitié: acordés la moi en faveur des sentimens que je Vous porte et qui me rende pour la vie

Monsieur

Votre très affectionée amie

Louise Dorothee DdS