1755-12-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Defresnay.

Non assurément, mon très-aimable correspondant, je ne vous oublierai jamais.
made Denis est aussi sensible que moi à votre souvenir. Nous souhaitons la bonne année à made votre mère, et si vous étes marié, à made votre femme. Je ne suis point à mes Délices: je me suis avisé de me faire suisse dans toutes les formes, et de tenir le Lac de Genêve par les deux bouts. J'habite une maison très-commode auprès de Lausanne, et je compte au printemps aller voir aux Délices les tulipes que j'ai plantées. Je mène dans ces deux maisons une vie douce et tranquile. J'ai trouvé à Genêve et à Lausanne des gens sociables remplis de mérite qui n'exigent de moi aucun devoir, et qui contribuent aux agréments de ma retraite.

L'impression de l'ouvrage dont vous me parlez, est si ridicule qu'elle n'a pu me causer beaucoup de chagrins, et je suis plus flatté de votre souvenir qu'affligé de toutes ces misères.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.