à Monrion ce 25 janvier [1756]
En vous remerciant mon cher professeur, très tendrement de votre souvenir, et très tristement des nouvelles publiques; le diable est déchainé sur terre et sous terre, et sur mer.
Laissons le faire, et vivons tranquilles au bord de notre lac. Vous me ferez grand plaisir de m'aprendre les nouvelles sottises de ce bas monde, et encor plus de me mander que vous et toutte votre aimable famille vivez heureux et tranquilles. Quand je suis à Lyon je voudrais marier à Lion certains grands yeux noirs et certaine belle âme logée dans un corps droit comme un jonc. Quand je suis à Lausanne je la voudrais marier à Lausanne, et lorsque je suis aux Délices je luy souhaitte un conjoint de Geneve. Madame sa mère est bien regrettée icy. Nous n'avions qu'un chagrin; c'était de ne vous pas avoir à Monrion.
Je pense que madame Pictet a eu la bonté de parler de foin et d'avoine. J'en suis honteux, je l'en remercie. Colombier nous offre du foin, je ne m'en soucie guères. Totius familiæ servus.
V.