1755-08-26, de Marie Louise Denis à Cosimo Alessandro Collini.

J'ai écrit à madame de Pompadour et à m. d'Argenson, et je ne doute pas que je n'aie une justice prompte.
Je leur mande que je croirais manquer au roi, si je ne m'adressais pas à l'un et à l'autre pour empêcher qu'on n'imprime cette histoire sur des brouillons volés; que c'était manquer au respect qu'on doit à ce monarque, que de souffrir un pareil brigandage, et qu'il faut que ces gens là soient fous, pour faire imprimer l'histoire du roi régnant, sur des brouillons sans aveu. J'envoie à m. de Malsherbes copie de ma lettre à madame de Pompadour; elle prendra l'affaire à cœur, parce qu'il s'agit du roi.

Le succès de notre pièce m'a rendu un peu de joie. Nous avons reçu trente lettres aujourd'hui, pour féliciter mon oncle, et les trente lettres disent que Lekain a mal joué et qu'on n'a pas entendu un mot de ce qu'il a dit. J'en suis désespérée; peut-être fera-t-il mieux par la suite.

Adieu, monsieur; voyez m. d'Argental, voyez ma sœur; je ne leur écris pas, parce que cette malheureuse affaire m'oblige à écrire des volumes; ne la perdez pas de vue, j'espère qu'elle ne sera pas longtemps sans être terminée. Ne quittez point qu'elle ne le soit; adieu, vous savez que j'ai pour vous la plus inviolable amitié.

D.