[c. 25 August 1755]
Monsieur,
Comme on m'a mendé que vous aviez envoié Prieur à Mr Dargental, et que je sens qu'il ne peut avoir nulle otorité sur lui, j'ai imaginé que sans doute vous trouviez quelque difficulté à faire suprimer cette édition qu'il est impossible cependand de laisser subsister.
J'ai pris le parti pour vous en faciliter les moiens de m'adresser à Mme de Pompadour, et j'ai l'honneur de vous envoier copie de la lettre que je lui écris, vous jugerez par ce qu'elle contient de l'importance et de la nécessité d'annéantir à jamais cette édition.
J'ose vous assurer qu'elle prendra cette affaire à coeur avec raison par ce qu'il s'agit du Roy, et je risquais son indignation de ne pas la mettre au fait m'aiant fait l'honneur de me parler souvant de cet ouvrage, nom pas celui corrigé par Chymene, mis celui que Mon Oncle a fait et qu'il lui a donné.
Je vous suplie donc en grâce Monsieur de ne point négliger cette affaire.
Il me semble qu'en bonne justice, Chymene devrait être condanné au galère, et le libraire à six mois de prison, il faut que ces gens là soient fouls pour imprimer un pareil manuscrit sans aveu, sur tout quand il s'agit de l'histoire du Roy régnant.
J'ai écrit à Mr le comte Dargenson et à Mr le présidand Henaud, ainci je me flate que tout cela ne peut que vous faciliter. Mon Oncle est fort malade depuis deux jours, je me flate que vos bontez et le succès de sa pièce lui rendront la santé. Conservez nous votre bienveillance Monsieur, elle nous est chère. Heureux si nous pouvions la méritér.
J'ai l'honneur d'être avec le plus respectueux attachement,
Monsieur,
Votre très humble et très obbéissente servente
Denis