1755-02-04, de Marie Louise Denis à François Tronchin.

Mon oncle n'a pas cru convenable Monsieur que Mr de Lormes vint ici et je ne sçai pour quoi, il a craint que cela ne fit trop de bruit et a imaginé qu'il y aurait plus de personnes à Geneve capables de trouver des expédians que lui qui ne connoit pas les loix du païs.
Il a seulement fait proposer qu'en cas qu'il y eût trop de difficulté on fit un marché à vie comme Mr de Gofecour en a fait un pour une maison qu'il a possédé sur votre teritoire. Si Mr Malet a des enfans quoi que la somme qu'il toucheroit fût bien moins considérable, il me semble que le marché seroit plus avantageux pour lui. C'est son affaire et c'est à lui à trouver les moiens de vous faire acheter sûrement, s'il veut nous vendre sa maison. Mr Cramer nous avoit mendé qu'il viendroit aujourdui, j'ignore s'il le poura. Peut être veut il encor conférer avec Mr de Lormes et nous apporter un proget. Pour moi je souhaite fort que cette affaire ce termine promtement. Je crains toujours des difficultez. Je suis sur les épines. St Gean m'a déjà donné bien du tourment. Je m'en dédomagerai quand j'y serai par le plaisir de vous y voir. Si le temps étoit moins rude nous irions bien volontier à Geneve vous consulter, mais il fait un froit si eccessif qu'il n'y a pas moien de quiter le couen de son feu. Que ne puis je vous exprimer ma reconnoissence et le tendre et inviolable attachement avec le quel j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Votre très humble et très obbéissente servente

Denis