ce 23 [Juillet 1755] des Delices

Nous avons reçu Monsieur tous les articles que vous avez daigné nous envoier, eccepté les petites comodes de coin, les 20 aunes de velours d'Utrecht cramoisi et les sinq pièces de sangles.
Ce balot qui je crois est parti le six ou le sept de ce mois ne nous est point encor parvenu. Je l'attands avec d'autant plus d'impassience qu'il ne me menque plus que cette article pour être meublée entièrement.

Nous n'attendons plus de balots de Paris, il ne me reste qu'à vous remercier de toutes les peines que vous voulez bien prendre pour nous.

Nous vimes M^me Malet il y a quel que jours qui m'assura que nos voiageurs seroient de retour dans peu de temps. J'aurai un très grand plaisir à les revoir. Nous avons envie de représenter une pièce que mon Oncle vient de faire. Nous fesons construire un peti théâtre dans le salon d'été affin d'avoir très peu de monde. Mon Oncle croit qu'il jugera mieux sa pièce en la voiant jouer qu'en la lisant et il veut avoir l'avis de quel que personnes avant de la donner à Paris. Vous croiez bien que celui de M^r votre frère sera d'un grand poix auprès de lui. Nous attendrons son retour pour commencer.

J'ai crains dans le premier moment que quel que personne dans Geneve ne désaprouve le peti plaisir que nous voulons nous donner. Tout le monde m'a assuré que cela seroit trouvé très bon et que même nous aurions à notre petite assemblée des ministres qui y viendroient. Cela ma donné de la hardiesse. Cependand je conte bien encor Consulter M^r Tronchain à son retour, c'est ma boussole et je ne ferai rien sans avoir son approbation. Je compte entièrement sur son amitié, les sentimens qu'il m'inspire mérite qu'il en ait pour moi. Nous sommes tendrement attachéz à votre aimable famille. Vous nous avez tous comblez d'amitié et je voudrais pouvoir vous en marquer ma reconnoissence. J'ai l'honneur d'être très parfaitement

Monsieur

Votre très humble et très obbéissente servente

Denis