1755-06-28, de Marie Louise Denis à Jean Robert Tronchin.

Je ne doute pas Monsieur que ma lettre ne soit bien reçue, puis que Monsieur votre frère veut bien se charger de vous la remettre.
Nous le verions partir avec bien du regret si nous n'étions persuadés du plaisir qu'il aura de vous voir. Non seulement il faut aimer ses amis pour soi même, mais il faut encor les aimer pour eux.

Puis que vous me permettez de vous demender les choses dont j'ai besoin j'en use en vous priant de m'envoier environ 150 aunes de Milaneze de soie blanche, 6 paquets de chenigles cramoisi, et 40 aunes de peti galon cramoisi, le tout assorti pour la couleur et la grosseur aux trois échentillons que je joins à cette lettre. Je suis pressée de cett envoi; ainsi faites moi le plaisir d'adresser ce peti paquet à Mr Galatin, directeur de la poste de Geneve, qui veut bien le permettre. J'ai encor besoin de six pièces de sangles, faites les mettre je vous prie dans la première caisse que vous nous enverez.

Nous n'avons encor rien reçu de tout ce que vous nous annoncez.

Nous n'attendons de Paris Monsieur que la caisse de Mr Denis, celle de Mme de Fontaine et une autre qui contient des lanternes.

Pardon de touttes les peines que nous vous donnons. Nous désirons fort que notre maison soit digne de vous y recevoir. Mon Oncle s'i plait fort et votre aimable famille ne contribue pas peu à nous faire aimer davantage ce païs ci.

Renvoiez nous bien tos Mr votre frère. Vous seriés encor plus aimable si vous vouliez le ramener vous même, et nous mettre apportée de vous assurer de l'inviolable attachement avec le quel j'ai l'honneur d'être Monsieur Votre très humble et très obbéissente servente

Denis