ce 4 février [1758] de Lauzane
Mon Oncle est un peu malade aujourdui Monsieur, et je me suis chargée avec grand plaisir de celui de vous écrire et de vous demender de vos nouvelles.
Mr Denis mon beau frère a fait quelques empletes pour mon Oncle qui se montent à 2557lt13s, ma soeur a fait des emplettes pour moi environ pour 4000lt et vous avez eu la bonté de les lui avancer. Pour vous rembourcer de ces quatre mille franc je mende à Mon beau frère de vous remettre le mémoir de 2557lt13s que vous porterez en Conte à mon Oncle et de vous donner la somme en argeant de 1442lt7s qui font en tout quatre mille franc. Pour lors vous déchirerez l'ordre que mon Oncle vous avait donné des quatre mille franc et vous mettrez sur son Conte 2557lt13s et tout sera en raigle.
Nous avons fait encor cette année une dépence prodigieuse et vous ne Croirez peut être pas que mon Oncle en Suisse dépence son revenu. Cependand rien n'est plus vrai. Nous avons meublé deux maisons une près de Geneve et l'autre pour l'hyver à Lauzane qui sont étoffés comme les meilleurs de Paris, dont nous avons tiré une partie de nos effets, ce qui double la dépence par les ports et embalage. Ces dépences ont rendu mon Oncle un peu court d'argeant. Il vous prie Monsieur de lui faire savoir Comment vous êtes avec lui, et le temps à peu près où il poura tirer quel qu'argeant sur vous. Si à vos heures perdues vous pouviez lui faire un Conte général, il vous en serait fort obbligé et je sçai que pour vous même vous êtes fort aise de vous mettre en règle quel que fois. Je vous suplie aussi de vouloir bien nous répondre sur quatre ou sinq article qui sont dans le peti papier ci joint à cette lettre. Mon Oncle est toujours pénétré de reconnoissence ainsi que moi de toutes les peines que vous prenez pour nous. Il parait se plaire beaucoup dans ce païs ci, il y est très heureux et très aimé, nous y tennons un grand état de maison, tout va à merveille mais le païs est près d'un tier plus che[r] que Paris, et l'on a rien qu'à force d'argeant, [c'est] pour quoi nous en dépensons tant.
J'ai l'honneur d'être avec le plus inviolable attachement Monsieur Votre très humble et très obbéissente servente
Denis