1755-08-18, de Marie Louise Denis à Cosimo Alessandro Collini.

Mon oncle a été fort triste depuis votre départ, quoiqu'il se soit très bien tiré de l'affaire de Grasset, et qu'il ait obtenu ce qu'il demandait.
La fureur suivie qu'on a de le persécuter en faisant courir sous son nom mille infamies, lui donne beaucoup de chagrin; je me flatte qu'à la fin, on voudra bien le laisser vivre en paix: il est fort indifférent sur le succès de Gengis; mais si le succès de la pièce répond à mon espoir, peut-être en sera-t-il flatté et reprendra-t-il un peu de gaîté.

Ma sœur est enchantée de vous et me mande qu'elle vous voit très souvent. Demeurez encore à Paris quelque temps, voyez la réussite de Gengis, mandez nous en des nouvelles; dites moi exactement, comme vous faites, tout ce qui se passera, je vous en aurai la plus grande obligation. Enfin rassasiez vous bien de Paris, afin que vous puissiez vous en nourrir jusqu'au moment où mon oncle et moi vous y ramènerons. Soyez sûr qu'il vous aime et que je vous suis attachée par les sentiments d'amitié les plus inviolables. Faites mille tendres compliments à ma sœur.