Des Délices, 15 [25]août 1755
Je ne reviens pas encore d'un homme qui vole chez moi une parcelle de brouillon pour le vendre! moi, amie intime de sa mère, et lui venant très souvent me voir.
J'ai caché cette horreur à mon oncle, et je ne la lui dirai que lorsque nous aurons réparé le mal. Mon cher Colini, je vous prie de rester à Paris jusqu'à ce que cette affaire soit terminée. J'ai écrit à m. de Malsherbes et je vous envoie la copie de ma lettre. Faites en une encore et donnez l'une de ces copies à ma sœur, l'autre à m. d'Argental, afin de les mettre au fait de tout. Je vous prie aussi de voir m. le président Hénault: je lui ai écrit une lettre à peu près comme à m. de Malsherbes; raisonnez de cette affaire avec lui, priez le d'en parler à m. d'Argenson; il a un grand crédit sur son esprit, et peut arranger cette affaire à merveille. C'est un homme très aimable, vous en serez bien reçu; il demeure rue Saint-Honoré, vis à vis les jacobins.
Adieu, mon cher Colini, travaillez à cette affaire de toutes vos forces.
Nous somes fort inquiets de Gengis; nous attendons des nouvelles. Je n'écrirai pas aujourd'hui à ma sœur, parce que je meurs de lassitude. Remerciez la de m'avoir fait tenir sa lettre en cachette: j'ai écrit des lettres bien longues et bien fatigantes pour cette chienne d'affaire. Adieu, monsieur; j'ai et j'aurai toujours pour vous la plus tendre amitié.