1755-02-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Tronchin.

Le plus grand plaisir, Monsieur, que vous puissiez faire à l'oncle et à la nièce, est sans doute celui de les rapprocher de vous.
J'ai tout lieu d'espérer que votre prudence et votre crédit applaniront toutes les difficultés. Monsieur votre frère m'offre son nom. Je ne veux abuser ni de son nom, ni de vos bontés communes. Je me laisserai entièrement conduire par vous, et j'attendrai les arrangements convenables qu'on aura pris à Genêve.

Si les obstacles sont insurmontables peut-être serait-il de l'intérêt de Mr Mallet de faire avec moi le même marché qu'on avait fait avec Mr de Gauffcourt. De l'argent comptant, et la sûreté de rentrer dans sa maison seraient deux objets assez avantageux à sa famille. Mais je ne me mêlerai de rien que d'attendre vos résolutions, et de vous être bien sincèrement attaché pour toute ma vie, ainsi que Madame Denis.

Ne pouriez-vous point, Monsieur, avoir la bonté de m'envoyer le compte de Mr Chapuis suivant le quel vous lui avez payé 840 £ argent de Genêve? Il ne m'a point fait tenir ce compte: j'en ai quelques uns à faire ici, et je ne veux pas embrouiller les matières. Il faut que tout soit en règle. Vous avez eu la bonté de donner 1200 £ de France d'une part à Mr Chapuis, et 840 £ de Genêve d'une autre. Nous vous demandons pardon de ces détails.

Je prends le parti d'écrire à mr Chapui supposant avec raison qu'il a le petit compte tout prest, et voulant vous épargner cette peine.

L'oncle et la nièce sont à vous pour jamais.