ce 2d'Août 1753
C'est avec une véritable satisfaction Monsieur, que je vois par Votre lettre que Vous ête à Mayance et par conséquend à l'abri des grifs des Freitags: je souhaite avec le même empressement de Vous savoir guite de la fièvre: que de meaux, la pauvre humanité n'a t'elle à souffrir: et la plûs part nous vienent de nos semblables: cela est triste et humillant pour notre espèce.
Vous pouvéz compter Monsieur, que les Empereurs et leur digne Père seront reçus dans leur Païs natal, avec tous les honeurs, les distinctions et les acclamations qu'ils méritent: nous aurons soin de leur doner des nourices: car quoique vieux je doute qu'on ose encor risquer de les sevrer: Pour leur Père il n'a à craindre que les vends du nord et nous ferons tout notre possible de l'en préserver; et pour Jeane d'Arc elle est trop aimable, trop séduisante pour ne la point désirer avec transport; en attendant cette charmente aparition, nous avons tâchés Monsieur de nous consoler avec l'hipogrife, avec Alcine: mais qu'elle différence, nous la sentons infiniment d'avantage que nous ne la saurions exprimer; Jeane a l'imagination fleurie, brillante, mais l'autre l'a bouillante, orageuse et très souvent extravagante; je Vous demande pardon de mon jugement peutêtre trop téméraire.
La Maîtresse des cœurs voudroit bien captiver le Vôtre, elle vous ambrasse d'inclination; Le Duc en fait autant et moi Monsieur je vous attens avec impatiance pour Vous protester de bouche combien je suis
Votre très affectionée amie et servante
LD.