Francfort ce 31 juillt 1753
Monseigneur,
Monsr de Voltaire est à la fin sorti de son embarras.
Sa nièce made Denis, qui s'est renduë à Paris, y a ménagé ses Intérêts, et probablement obtenu la Permission de rentrer en France, puisqu'il s'est rendu ici vendredy passé pour me dire ses adieux, s'en retourné sur le champ à Mayence, d'où il s'est mis en route le samedi, pour se rendre à Manheim et de là à Plombières. Il s'est tellement brouillé avec son ancien Maitre le Roi de Prusse, qu'il ne le reverra plus de ses jours. Samedi passé il est arrivé ici une seconde Lettre du Roi de Prusse au Magistrat de cette Ville, concernant cette affaire. Dans la 1e qui est écrite avec les formalités ordinaire[s], le Roi remercie la Ville de ses attentions, et dans la seconde, qui est dans les formalités d'une Lettre de Cabinet, comme on diroit Handschreiben, il remercie de rechef avec un air de familiarité et très gracieusemt la Ville de toutes les attentions qu'elle avoit euë, qu'il sauroit reconnoitre dans les Occasions, et en même tems il excuse ses gens, si par un Zèle trop outré ils avoient surpassé ses Ordres, et fait entendre en même tems que V. l'avoit mérité par sa Conduitte. Il garantit de plus la ville de tous les événemens, que les demandes de V. pourroient causer….
Je suis avec le plus profond Respect,
Monseigneur,
Votre très humble et très Obéisst serviteur
Varrentrapp