Cassel Le 6 de févr 1764
Monsieur,
J'ai reçu avec tout le plaisir imaginable vôtre Lettre avec Le Traité sur La Tolérance. Je L'ai lu, et L'on n'y a pas de peine à y reconnoitre son Autheur, toujours plein de feu, d'idées Neuves, et d'un jugement admirable. Le sort de cette pauvre famille des Calas m'a touché jusqu'au fond de L'âme. Comment se peut il que dans un siècle aussi éclairé que celui où nous vivons il se comette encore de pareilles choses qui feroient honte aux siècles Les plus reculés? J'ai eu soin de vous faire remettre par un Marchand de Geneve, un petit secours pour cette pauvre famille. Que je serois charmé si je pouvois espérer de vous voir ici à ma Cour! Je suis au désespoir que votre santé vous en empêche, il faudra donc malgré moy me Borner à vous prier de me donner souvent de vos Nouvelles aux quelles je prens beaucoup de part.
Je Lis et relis vos Ouvrages toujours avec Le même plaisir. J'ai vu représenter Olimpie à Manheim qui m'ai fait un plaisir infini, et en dernier Lieu sur mon Théâtre Les Comédiens François nous ont donné Semiramis ou Md Barron et Mr Plante que vous Connoissés se sont surpassé. Je suis fort content de ma Trouppe, et je puis dire qu'il y a 4 sujets qui sont excellens, d'abord ces deux que je viens de vous nommer et ensuite Mselle Evrard et Md Verteuil.
Je suis avec beaucoup d'amitié et d'estime
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Frederic L. D. Hesse
Quand vous ferés paroitre de Nouveaux Ouvrages je vous prie de m'en faire part.