Cassel le 16^e d'Avril 1754

Il y a longtems mon Cher ami que je vous Cherche par tout et que je ne puis rien entendre de certain de l'endroit de vôtre Séjour.
Dernièrement un M^r Wakenitz qui vint de Gotha m'assura que vous étiés à Colmar et que vous aviés envoyé le Second Tome des annales de l'Empire à M^d La Duchesse, et que vous y aviés ajouté une Dédicace à la fin pour cette Princesse. Il m'est donc impossible de Garder plus longtems le Silence sans vous demander des nouvelles de votre Santé, j'y prens trop de part pour tarder plus longtems à m'en informer. J'ai lu avec plaisir le premier Tome de vos Annales, on y remarque partout le feu qui brille dans tous vos écrits, et quoique cette façon d'écrire est en elle même pas si agréable que l'histoire, vous y avés donnés Cependant une tournure qui Convient et qui est digne de son autheur dont les ouvrages l'Immortaliseront.

J'ai fait venir il y a quelque tems d'Hollande tous vos Ouvrages, je les relis tant que je peux, et souhaiterois d'avoir plus de mémoire pour n'en rien perdre. Ils ne quittent point ma table, et d'abord que j'ai un moment à moy, je m'entretiens avec vous par le moyen de vos ouvrages, avec plaisir. Permettés que je vous fasse ressouvenir que vous m'en avés promis une Edition complète.

Faites moy le plaisir de me donner bientôt de vos nouvelles, il y en a qui disent que vous allés à Bareith, d'autre que vous retournerés à Berlin, j'y prens trop de part pour ne pas m'y intéresser. Votre Amitié me sera toujours prétieuse, contés sur un parfait retour de mon Côté, étant avec toute la Considération imaginable

F. P. Hered. de Hesse