Cassel ce 10 de Nov. 1772
Monsieur,
J’ai reçu Votre lettre avec tout le plaisir imaginable; Les assurances, que Vous me donnez de la continuation de Votre amitié, me sont infiniment précieuses.
J’en sens tout le prix, et j’ai eû pour Vous, Mon Chér Ami, les mêmes sentimens, que Vous me connoissez dés les premiers momens, que je Vous ai vû, Vous ayant déjà longtems admiré dans Vos Ouvrages immortels, avant que de Vous connoitre. Que ne suis-je en état d’aller l’année prochaine à Fernex pour profiter de Votre adorable conversation, qui a tant de charmes pour moi? mais je crains bien, que ma situation ne m’en empêche. Je serai au comble du bonheur, si j’osois espérer de Vous voir ici; jugez Vous même comme je m’empresserai à Vous faire avoir toutes les aisances de la vie dans une de mes Maisons, dont Vous disposeriez entièrement. La demande de la Dame dont Vous m’envoyez la lettre est très singulière; je suis bien fâché de ne pas pouvoir entrer dans ses vuës en lui prêtant la somme en question, mais l’état de mes finances, dont les dépenses sont toutes réglées, ne me permet pas de déplacer une telle somme; Je crois, que c’est Mlle Madelon Gallatin, fille de notre Amie; je tiendrai le cas secret, car je suis persuadée, que la Mère feroit beau bruit, si elle le savoit.
L’amitié, Mon cher Ami, qui règne entre nous, ne me laisse aucun doute, que Vous ne voudrez bien prendre part à mon Mariage, que je suis sur le point de conclure avec S. A. R. Madame la princess Philippine de Schwedt, le Roy y ayant donné son gracieux consentement. Conservez moi toujours Votre amitié et soyez persuadé d’un parfait retour de mon côté, étant toute ma vie
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Frederic L. d. Hesse