1750-09-15, de Anne Louise Bénédicte de Bourbon-Condé, duchesse Du Maine à Voltaire [François Marie Arouet].

J'ay receu monsieur La Lettre que vous m'avés écrite Le 28 de L'autre mois.
Je savois déjà Le party que vous aviés pris, ce qui m'avoit empeschée de vous écrire, comme j'en estois convenuë avec vous. Je garde un profond silence sur ce que vous venés de faire. Je vous diray seulement que j'attens avec impatience ma Rome sauvée et La dédicace que vous m'avés promise. Je doute que vous reveniés en ce pays dans quelques mois comme vous me Le mandés. Je ne puis m'empescher de vous dire que je serois bien aise de vous revoir encor, et de vous parler avec ma franchise ordinaire. Avec Le protecteur que vous avés, vous n'avés plus besoin de protectrice mais je ne puis me défendre de prendre encor intérest à mon déprotégé.