1753-07-23, de George Keith, 10th Earl Marischal à Marie Louise Denis.

Madame,

Comme le procédé de mrs Freytag et Schmid me paroit digne de punition d'avoir abusé du nom respectable du Roy mon maitre, je lui avois écrit là dessu avant que de recevoir votre lettre">, que je me doute bien vous auriez voulu que j'envoyasse au Roy.
Je ne l'aurois pas pu cependant, parce que dans la miene je lui avois fait entendre que je vous avois vu ici, et puis il y à des choses que j'aurois voulu changées. J'aurois voulu sortir mr Schmid de la brouête et suspendre les coups de bâton de mr Freytag, cela à trop l'air de la médisance ou de la colère, elle doit vous étre permise, mais elle affoiblit vos preuves. Ceux qui ont recommendé au Roy ces mrs nieroient les faits. Il me semble aussi que votre critique sur la lettre de l'abbé de Prade devoit se changer; le Roy mon maitre ne pouvoit il pas croire que quelque circonstance étrangère avoit donné lieu à la brutalité de mr Freytag? Pouvoit il même croire autre chose? Il n'avoit ordonné, selon ce qu'il m'écrit, que de demander la clef, la croix, et le livre. Moy, qui vous ne soubsonnez pas d'intelligence avec m. Freytag, je m'étois imaginé que vous voyant arrêtée sans cause, vous auriez envoyé au Diable quelque vénérable magistrat de la Ville de Frankfort qui vous avoit fait traiter comme rebelle à leur état. Vous serez la première à convenir que jamais on se seroit imaginé qu'on vous arrêtât de cette façon parce que votre oncle s'en alloit; ni le Roy mon maître que son Résident, qui apparemment lui a été recommandé come un home sage, seroit capable de la violence dont vous vous plaignez. Attendons la réponse de ma lettre, celle des magistrats fera connoitre la vérité au Roy; il seroit bon cependant qu'il sçut au plutôt que vous avez retiré votre procuration. Votre oncle a mal fait, ce me semble, de la vouloir; il ne gagnera pas cet procès devant la justice de Frankfort, qui ne s'en mêlera pas; et il est contraire à votre sistème d'adoucir toute l'affaire. Comme j'ay déjà écrit (le jeudi après vous avoir vu) écrivez à m. de la Touche, et soyez sûre je feray de mon côté ce qui me paroitra le plus convenable pour vous servir et vous convaincre que je le désire, ayant l'honeur d'être Madame votre très humble et très obéissant serviteur

le Maréchal d'Ecosse

P. S. Madame de la Ferté m'a montré la lettre que votre oncle vous écrit, pouvez vous me dire s'il a voulu adoucir ou irriter le Roy? Il est difficil de faire les deux à la fois, cependant il y a des traits très propres à l'un et à l'autre.