à Francfort ce 17 Juill. 1753

Monsieur,

Vôtre mémoire qui n'est rien moins qu'un ouvrage de Ciceron et qui n'atteint pas même aux productions ordinaires des avocats, fondé seulement sur la bonne cause, n'a produit le bon effet qu'à demy et bien tard après plusieurs conte[s]tations.

Samedy le Committé pour les causes publiques ayant député le greffier Diefenbach vers Schmid celuy ci luy déclara, qu'il n'avoit jamais eu l'intention de vous retenir vos deniers, qu'il avoit dépendu de vous de les reprendre en signant seulement un billet, portant que vous les aviez mis en dépôt chez luy et qu'il vous les avoit rendu déduction faite de 190 florins et quelques creuzer pour les fraix. Mais qu'après l'injure faite à Dorn en le menaçant du pistolet celuy ci vous intentoit une action en réparation et que cela changeoit la face des affaires.

Quant à la demande de la communication le Committé avoit résolu d'écrire au Roy et de luy demander les ordres ultérieurs avec la réponse à la précédente.

Le Conseil entier ayant été assemblé aujourd'huy on vouloit confirmer cette résolution. Mais à la fin j'ay obtenu après plusieurs débats la suivante:

‘qu'on intimeroit à Freytag par Diefenbach et à Schmid moyennant un résultat par écrit, qu'au cas, que dans l'espace de quinze jours ils ne produisoient pas la réquisition et ratification royale on déféreroit à vos demandes quant à la communication de la réquisition et s'en tiendroit quant au reste à la caution interposée par Schmid en se réservant d'écrire au roy touchant ce qui étoit arrivé après la première lettre écrite envoyée à s. m.

Au reste il a été permis aux deux Conseillers de demander copie de vos mémoires et ordre donné à vôtre procureur de dresser à l'avenir ses mémoires en allemand. Je vous feray tenir ma déduction Latine touchant la seigneurie de Bretzenheim près de Mayence et vous souhaite de tout mon coeur une promte reconvalescence pour vous assurer de bouche du dévouement respectueux avec lequel j'ay l'honneur d'être.