à Mayence 8 Juillet 1753
La Dame Denis traînée en prison par le nommé Dorn dans Francfort, le 20 Juin, sans aucun ordre, sans aucun sujet, et le sieur de Voltaire, mis en prison de son côté à la réquisition du sieur Schmith sur la seule parole par lui donnée qu'il recevrait ordre de son maître de faire cette réquisition ne cesseront point d'implorer le droit des gens et l'équité du vénérable Magistrat.
Ils suplient 1. de rendre compte à sa majesté le Roi de Prusse de la manière dont on a violé en son nom le droit des gens dans la personne de madame Denis, et dont on a persécuté le sieur de Voltaire en abusant du nom de sa majesté prussienne.
Ils le suplient de leur faire rendre l'argent que le sr Schmith prit dans les poches du sieur de Voltaire le 20 Juin au soir.
Ils suplient le vénérable Magistrat de faire justice du nommé Dorn qui a remporté le 7 Juillet l'argent des supliants sous prétexte qu'il a vû passer un homme avec un pistolet dans l'Auberge du Lion d'or.
Ils suplient que le vénérable Magistrat fasse droit sur la déposition des deux Notaires jurez Mike et Beheme, déposition qui convainc le nommé Dorn de calomnie.
Ils demandent justice du nommé Dorn, Notaire cassé par sentence de la Ville, qui ne demeure pas dans la maison du sieur Freitag, et qui est bourgeois de Francfort.
Ils font souvenir le vénérable Magistrat que le nommé Dorn a le 20 Juin sans aucun ordre trainé dans les ruës la dame Denis, l'a conduitte en prison, lui a ôté sa femme de chambre et ses Laquais et a eu l'insolence de souper seul dans la chambre de la ditte Dame et d'y passer toute la nuit. Ils éspèrent encor justice de ces violences.
Voltaire pour luy et pour sa nièce dont il a procuration chez le notaire Behem